Jacek Woźniak

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Jacek Woźniak, né le à Cracovie (Pologne) est un dessinateur, illustrateur, peintre et caricaturiste.

 

Biographie

Fils de Zofia et Julian Woźniak, Jacek Woźniak baigne très tôt dans le milieu de la presse et de l’art. Son père était un journaliste – écrivain de renom, sa sœur travaille également comme reporter.

Il passe une bonne partie de sa scolarité dans la ville de Rzeszów où sa famille réside. Les années lycée seront la première étape de son émancipation artistique. C’est avec Krzysztof Pleśniarowicz qu’il fonde son premier journal : la gazette satirique « Tegoryjec ». Grand ami de la famille Wozniak, Zygmunt Czyż, un graphiste de Rzeszów, l’aidera quant à lui au niveau du développement artistique.

Après le bac, Jacek retourne à Cracovie où il suit les cours des Beaux-Arts. Le conflit avec l’un de ses professeurs se conclut avec le renvoi de Woźniak.

 

Débuts professionnels

Véritable autodidacte, il persévère et propose rapidement ses premières expositions de dessin et de peinture dans les villes de Cracovie et de Buffalo aux États-Unis. En parallèle, il enchaîne les collaborations les plus diverses. Il travaille ainsi avec plusieurs troupes de théâtre étudiant pour lesquels il développera mise en scène, costumes et campagne d’affichage. C’est à cette époque que commence une fructueuse et longue collaboration avec le groupe de jazz/rock cracovien « Laboratorium ». Il organise avec eux une série d’expo-concerts à Rzeszów. Le dernier en date avec la contribution de Zygmunt Czyż (pl).

C’est également à cette époque qu’il publie ses premiers dessins de presse dans « Student ». Viendront ensuite plusieurs collaborations avec bon nombre de journaux tels que Prometej, Życie Literackie , ou encore Karuzela . C’est alors que l’influent journal Polityka l’engage en qualité de dessinateur.

En 1980 en pleine période de crise du système communiste dans les pays de l’Est, il participe activement à l’élaboration de bulletins de presse de « Solidarność ». Il contribue également à la publication d’affiche de propagande pour de nombreuses manifestations grévistes.

En parallèle, il fonde également le premier journal satirique indépendant « Wryj » (littéralement « dans ta gueule ») dans lequel il publie régulièrement articles et caricatures sous son nom, ainsi que sous de nombreux pseudonymes.

En cette grave période de répression les idées et les actions de Wozniak dérangent. Il est arrêté en décembre 1981 lors de l’état de siège. Il sera libéré 3 mois plus tard contre la promesse de quitter définitivement la Pologne. À la fin des années 1980, le mouvement de révolte entamé par les Polonais envahit toute l’Europe et le bloc communiste chute.

 

En France

En juin 1982, il débarque à Paris, où il a obtenu l’asile politique, accompagné de sa femme et de ses deux enfants. Il y réside encore aujourd’hui. Il ne remet les pieds en Pologne que douze ans après les faits à la suite de l’obtention de la nationalité française.

Wozniak commence par travailler pour le groupe Arrco où il dessine pour les bulletins d’info, il y élabore diverses affiches, mais il s’y attelle également à des taches moins créatives puisqu’il y distribue le courrier et arrose les plantes.

Il commence à collaborer avec la presse française : Tonus, Libération, L’Evénement du jeudi, le Point, L’Expansion, VSD, Le Monde de l'éducation, Playboy, La Croix, …

L’année 1986 reste un tournant professionnel dans la carrière de Wozniak. Il publie en effet son premier dessin pour Le Canard enchaîné. Après un an où il y officie en qualité de pigiste, il devient salarié à part entière du journal satirique. Il y travaille encore aujourd’hui et chaque semaine, il y illustre la rubrique cinéma, ainsi que l’actualité politique. S’enchaînent depuis de nouvelles collaborations ponctuelles avec Le Monde, Le Monde diplomatique, Le Nouvel Observateur, Témoignage chrétien, Der Frau, Courrier international.

Véritable boulimique de travail, l’artiste réalise de nombreuses affiches pour le Conseil de l'Europe, pour des festivals de jazz, des associations humanitaires ou autres événements culturels. Il prend également part à l’élaboration de clips musicaux (Manu Chao, Akli D), d’illustration de pochettes de disque (La Radiolina de Manu Chao, Archie Shepp, …), travaille avec France 2 pour le dessin animé Les Durs du Mur, réalise plusieurs films d'animation pour AIDES.

En 1998 avec de nombreux amis (Cabu, Kerleroux, Kiro, …), il monte le site satirique Scorbut1.

Au-delà des aspects médiatiques de sa profession, Wozniak n'a jamais cessé de peindre. Il a notamment eu le privilège de présenter bon nombre de ses œuvres lors d'une exposition gigantesque d'un an à La Fondation Miro à Majorque (juin 2013 - mai 2014)2

 

Manu Chao

C'est à la suite d'un dessin de Wozniak sur l’ancien chanteur de la Mano Negra paru dans Le Monde que Ramon Chao, père du musicien entre en contact avec le dessinateur. C'est donc le père, écrivain–journaliste à RFI, qui présente les deux hommes.

Wozniak se propose tout d'abord d'illustrer quelques textes du musicien dans l'idée d’agrémenter la page Internet de ce dernier3. Ne voulant pas s'arrêter en si bon chemin, l'idée prend rapidement la forme du livre/CD : « Sibérie m'était contée » (édition « Mille Paillettes ») lequel n'est paru qu'en France en deux étapes. Tout d’abord sous une forme allégée de 48 pages et d'un CD 6 titres, puis dans sa version définitive de 148 pages avec un CD 21 titres. L'objet aujourd’hui en rupture de stock fait le bonheur des collectionneurs.

Leur fructueuse collaboration a aussi pris la forme d'une série de clips animés, dont quelques-uns uns réalisés pour la sortie du nouvel album de manu Chao « la Radiolina ».

Plus récemment encore, ils ont peint une série de tableaux sous le pseudonyme Manwoz. Des tableaux exposés en 2007 à Barcelone (Espagne) et à Perpignan,Inka Mallorca 2010,Buenos Aires 2015,Suisse 2015

 

Archie Shepp

C’est en l’an 2000 que Wozniak fait la connaissance du légendaire créateur du free jazz, Archie Shepp. Le défenseur de la lutte anti-communautariste avait alors en charge la bande originale, d’un film d’animation réalisé par Wozniak (projet caritatif commandé par l’association humanitaire AIDES). C’est lors de la promotion du film, et après avoir visionné ensemble le résultat final que les deux hommes prennent la décision de retravailler ensemble. Ils collaborent notamment sur Ceremonia, film d’animation de 11 minutes sur le cycle de la vie et de la mort. Wozniak signe également l’illustration des pochettes de disque du jazzman (First Take, Kindred Spirit, Gemini, Phat Jam, Wo!man …) Avec les dessins en direct sur le grand ecran, Wozniak participe au spectacle Phat Jam d'Archie Shepp, Napoleon Maddox et Is What.

 

Manwoz

Personnage haut en couleur né de l’imagination de Wozniak et Manu Chao. La biographie officielle de ce drôle de personnage le décrit ainsi :

Né dans les lointaines plaines d’Ukraine en 1959, près du sinistre Tchernobyl. Seul garçon d’une famille nombreuse. Un père galicien, une mère de tavern, très jeune Manwoz perd goût au monde qui l’entoure, l’école l’ennuie, sa famille l’ennuie. A 15 ans, il décide de parcourir le globe, en quête des …. Disparues. Et depuis il cherche, Il cherche, Et il cherche …

 

Expositions

 

Barcelona 2007 Perpignan 2007 Guadalajara (Mexique) 2009 Inca (Mallorca) 2010 Buenos Aires 2015 Montricher (Suisse) 2015

 

Bibliographie

Wozniak a publié et copublié :

 

  • I love Moscou (chez Le Cherche midi)
  • Révolution ! (chez Albin Michel)
  • Ces enfants qui ne viennent pas d'une autre planète : les autistes (de Howard Buten, chez Gallimard)
  • Made in Guadany (de Michel Piquemal, chez la Mauvaise Graine)
  • Six milliards de prophètes (avec Yann Thomas, chez Odeon)
  • Abécédaire partiel et partial de la mondialisation (avec Ramón Chao & Ignacio Ramonet, chez Plon)
  • Sibérie m'était contée (avec Manu Chao)
  • Entrée des artistes (avec Marjorie Guigue, chez Ramsay)
  • Cuba miracles (avec Ramon et Antoine Chao et Marjorie Guigue chez Flammarion)
  • Las andaduras del Che (de Ramón Chao)
  • Les impubliables (avec Cabu, chez l'Archipel)
  • Sarko, mon amour (chez l'Archipel)
  • Chopin (chez BD Jazz)
  • Vive la malbouffe (avec JL Porquet, O.Recasens, C.Labbé chez Hoebeke)
  • Manu & Chao... il y a la mer là-bas au loin... (chez Because)
  • A gospel story (chez Bd music)
  • Vive le meilleur des mondes (Hoebeke)
  • Le grand procès des animaux (avec Jean-Luc Porquet, aux Editions du Faubourg)
  • Peut-on rire du tout ? (Editions du Seuil)

 

Il

 


L'ENCYCLOPEDIE LAROUSSE...

Dessinateur de presse français d’origine polonaise (Cracovie 1954).

 

 

Témoignant très tôt de son goût pour la caricature (il crée une gazette satirique, Tegoryjec, dès le lycée), il étudie les beaux-arts avant de travailler avec diverses troupes de théâtre, pour lesquelles il conçoit costumes et campagnes d’affichage, ainsi qu’avec un groupe de jazz rock. Après avoir publié ses premiers dessins de presse dans Student, il intègre l’équipe de Polytyka, journal soumis – comme tous les organes de presse dans la Pologne communiste – à la censure. Il forge alors son style, tout en symboles et décalé, la situation politique ne lui permettant pas de critiquer ouvertement les autorités. Dessinant des bulletins pour Solidarność, fondateur du premier journal satirique polonais indépendant (Wryj, signifiant « Plein la gueule »), il déplaît toutefois au pouvoir et est emprisonné en décembre 1981 lors de « l’état de guerre » instauré par Wojciech Jaruzelski.
Libéré trois mois plus tard à la condition qu’il quitte le territoire, il obtient l’asile politique en France et s’installe à Paris avec sa famille (1982). Nationalisé français quelques années plus tard, il se fait une place de choix dans la presse hexagonale, travaillant notamment pour la Croix, le Point, Libération ou V.S.D., avant de devenir l’une des plumes les plus sagaces du Canard enchaîné, où il illustre depuis 1986 l’actualité politique et la rubrique cinéma. Peintre et affichiste, collaborant ponctuellement au Monde, au Nouvel Observateur et à Courrier international, il a réalisé des clips musicaux, des pochettes de disque (Manu Chao, Archie Shepp) et a participé à l’édition anniversaire 2010 du Petit Larousse en illustrant des mots de la langue française.

 



Wožniak: «Nous vivons dans une société aseptisée, pas assez sceptique»

Wožniak: «Nous vivons dans une société aseptisée, pas assez sceptique»
 15 décembre 2021
: NOUS VIVONS-DANS-UNE-SOCIETE-ASEPTISEE-PAS-ASSEZSCEPTIQUE
Cartooniste vedette du « Canard enchaîné » depuis 35 ans, Wožniak dessine
les hauts et les bas de l'humanité d'un coup de crayon où la satire de l'un et le
respect de l'autre communient dans un même éclat de rire.

L e 7 janvier 2015, les kalachnikov entrent à la rédaction de Charlie Hebdo et
tirent à balles réelles sur la liberté de rire et de penser. Avant de succomber à
l'intolérance, le « Crayon d'or » de l'hebdomadaire, Cabu, avait eu la prémonition
du drame dans un brûlot, Peut-on (encore) rire de tout
Son ami Wožniak lui répond aujourd'hui en publiant Peut-on rire du tout ? , un
manifeste du dessin de presse irrévérencieux, où l'auteur compile 35 ans d'actualité.
D'un coup de crayon taillé en pointe du politiquement incorrect, Wožniak
montre combien les méfaits et les errements d'hier sont toujours ceux
d'aujourd'hui. Il nous parle, sans masque, de sa vision acidulée du monde.
Vous avez débuté votre carrière en 1980, en dessinant pour Solidarnosc, avant
d'être contraint à l'exil. La liberté de la presse semble à nouveau menacée en
Pologne. Ça vous inquiète ?
La liberté n'est jamais donnée pour toujours. C'est un combat quotidien où l'on
ne doit rien lâcher. En Pologne, dans ma jeunesse, un censeur du parti communiste
vérifiait tous les articles et les dessins avant publication. Du coup, les
dessinateurs avaient inventé un langage symbolique pour contourner tout ça,
un peu comme dans les fables de La Fontaine… On faisait de la critique et de
l'ironie indirectes. Quand je suis arrivé en France, en 1982, j'avais l'impression
que la liberté d'expression était totale. Ce n'était pas tout à fait vrai non plus
car il existait une forme de censure financière dans la presse. Il importe donc,
en Pologne comme ailleurs, de rester vigilant. On ne réfléchit pas assez et c'est
le propre de l'homme, que de s'habituer à tout ! Quand la censure ou la dictature
s'installent et que l'on pense à se révolter, il est souvent trop tard parce
qu'on a déjà accepté l'inacceptable sans même s'en rendre compte… Nous vivons
dans une société aseptisée et pas assez sceptique.
Après 35 ans de cartoons dans « Le Canard enchaîné », quel regard jetez-vous
sur l'évolution du monde ?
Les drames humains se suivent et se ressemblent. Dans mon travail, je m'intéresse
à la vie des gens, plutôt qu'aux grands hommes et aux petites phrases politiques.
Ce qui me marque, c'est que quand je suis arrivé en France, j'ai vu des
personnes dormir dans des cartons sur les trottoirs. Ça n'existait pas en Pologne.
En 2021, ils n'habitent plus dans des cartons mais vivent sous des tentes
et il y en a beaucoup plus ! Je veux dire par là, que si le décor a changé, les
problèmes du monde restent les mêmes. Emmanuel Macron avait promis que
s'il était au pouvoir, on ne dormirait plus dans la rue. Mais la solution du pro-
1
blème n'était pas de donner une tente à chacun des sans domicile fixe. C'est le
fonctionnement de la société qu'il faudrait changer.
Vous vous êtes toujours intéressé davantage aux anonymes, aux « sans-dents
» comme les appelait François Hollande, plutôt qu'aux hommes de pouvoir ?
Il n'y a plus de grands hommes politiques aujourd'hui. Je n'en vois pas beaucoup,
en tout cas, qui mériteraient un dessin ! Ils pensent trop à eux avant de
penser au peuple. C'est la raison pour laquelle je préfère dessiner les plus démunis,
les mal logés, les migrants…
Vous avez tout de même dessiné une partie de l'anatomie d'un nabab hollywoodien
dans « L'origine du monde selon Wenstein » ?
On était en pleine émergence du mouvement #MeToo. Le producteur Harvey
Wenstein était pris dans une tempête médiatique à propos des accusations
d'abus sexuels. Je suis tombé sur le célèbre tableau de Gustave Courbet, L'Origine
du monde… et le dessin est venu tout seul. Je n'ai pas fait d'esquisse.
J'aime travailler de cette manière.
Vous avez signé beaucoup de dessins sur l'obscurantisme religieux, d'où qu'il
vienne. C'est un sujet de plus en plus tabou depuis les attentats contre « Charlie
Hebdo » ?
On vit dans la régression. Depuis Charlie, on se demande sans cesse quelles
peuvent être les conséquences d'un dessin et pourquoi. Le problème vient du
fait que pour qu'une caricature soit comprise et acceptée, il faut que le niveau
culturel du public soit assez homogène. Or ce n'est plus le cas aujourd'hui. A
mon sens, il s'agit dès lors d'un problème de société, avant d'être un problème
de dessin. Il faut réapprendre l'art du dialogue, sinon on risque de finir par ne
plus dessiner du tout ! Ce qui est arrivé avec Charlie Hebdo dépasse la question
religieuse. C'est un problème qui concerne l'humanité tout entière : peuton
encore vivre côte à côte ? Je me souviens d'un homme de théâtre polonais,
originaire d'un petit village où toutes les religions se côtoyaient. Dans sa jeunesse,
les uns faisaient la fête le samedi et les autres le dimanche. C'est devenu impossible.
Votre livre se dresse aussi contre les bavures judiciaires et policières. Vous
avez le sentiment que la répression s'est durcie ?
Je me rappelle du premier Robocop ce très mauvais film de science-fiction sorti
en 1987, dont les images sont devenues, en partie, réalité. Pourtant, je ne crois
pas que les manifestants soient plus violents aujourd'hui qu'hier. Il est clair
qu'on a besoin de policiers mais pas de policiers violents. Plus la société évolue
technologiquement, plus elle semble se rétrécir humainement. Je pense que la
civilisation telle qu'on l'a connue est en train de disparaître.
A contre-courant de la tradition française du dessin de presse, vous fuyez toute
forme d'hyper-sexualisation du trait. Quelle est votre vision de la représentation
de la femme ?
La femme a longtemps été privée de ses droits ou traitée comme une poupée.
Les choses bougent mais elle n'a pas encore acquis sa place naturelle dans la
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mercredi 15 décembre 2021 01:28
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: HTTPS://WWW.LESOIR.BE/412510/ARTICLE/2021-12-15/WOZNIAK-NOUS-VIVONS-DANS-UNE-SOCIETE-ASEPTISEE-PAS-ASSEZSCEPTIQUE
Cartooniste vedette du « Canard enchaîné » depuis 35 ans, Wožniak dessine
les hauts et les bas de l'humanité d'un coup de crayon où la satire de l'un et le
respect de l'autre communient dans un même éclat de rire.
Article réservé aux abonnés
L e 7 janvier 2015, les kalachnikov entrent à la rédaction de Charlie Hebdo et
tirent à balles réelles sur la liberté de rire et de penser. Avant de succomber à
l'intolérance, le « Crayon d'or » de l'hebdomadaire, Cabu, avait eu la prémonition
du drame dans un brûlot, Peut-on (encore) rire de tout
Son ami Wožniak lui répond aujourd'hui en publiant Peut-on rire du tout ? , un
manifeste du dessin de presse irrévérencieux, où l'auteur compile 35 ans d'actualité.
D'un coup de crayon taillé en pointe du politiquement incorrect, Wožniak
montre combien les méfaits et les errements d'hier sont toujours ceux
d'aujourd'hui. Il nous parle, sans masque, de sa vision acidulée du monde.
Vous avez débuté votre carrière en 1980, en dessinant pour Solidarnosc, avant
d'être contraint à l'exil. La liberté de la presse semble à nouveau menacée en
Pologne. Ça vous inquiète ?
La liberté n'est jamais donnée pour toujours. C'est un combat quotidien où l'on
ne doit rien lâcher. En Pologne, dans ma jeunesse, un censeur du parti communiste
vérifiait tous les articles et les dessins avant publication. Du coup, les
dessinateurs avaient inventé un langage symbolique pour contourner tout ça,
un peu comme dans les fables de La Fontaine… On faisait de la critique et de
l'ironie indirectes. Quand je suis arrivé en France, en 1982, j'avais l'impression
que la liberté d'expression était totale. Ce n'était pas tout à fait vrai non plus
car il existait une forme de censure financière dans la presse. Il importe donc,
en Pologne comme ailleurs, de rester vigilant. On ne réfléchit pas assez et c'est
le propre de l'homme, que de s'habituer à tout ! Quand la censure ou la dictature
s'installent et que l'on pense à se révolter, il est souvent trop tard parce
qu'on a déjà accepté l'inacceptable sans même s'en rendre compte… Nous vivons
dans une société aseptisée et pas assez sceptique.
Après 35 ans de cartoons dans « Le Canard enchaîné », quel regard jetez-vous
sur l'évolution du monde ?
Les drames humains se suivent et se ressemblent. Dans mon travail, je m'intéresse
à la vie des gens, plutôt qu'aux grands hommes et aux petites phrases politiques.
Ce qui me marque, c'est que quand je suis arrivé en France, j'ai vu des
personnes dormir dans des cartons sur les trottoirs. Ça n'existait pas en Pologne.
En 2021, ils n'habitent plus dans des cartons mais vivent sous des tentes
et il y en a beaucoup plus ! Je veux dire par là, que si le décor a changé, les
problèmes du monde restent les mêmes. Emmanuel Macron avait promis que
s'il était au pouvoir, on ne dormirait plus dans la rue. Mais la solution du pro-
1
blème n'était pas de donner une tente à chacun des sans domicile fixe. C'est le
fonctionnement de la société qu'il faudrait changer.
Vous vous êtes toujours intéressé davantage aux anonymes, aux « sans-dents
» comme les appelait François Hollande, plutôt qu'aux hommes de pouvoir ?
Il n'y a plus de grands hommes politiques aujourd'hui. Je n'en vois pas beaucoup,
en tout cas, qui mériteraient un dessin ! Ils pensent trop à eux avant de
penser au peuple. C'est la raison pour laquelle je préfère dessiner les plus démunis,
les mal logés, les migrants…
Vous avez tout de même dessiné une partie de l'anatomie d'un nabab hollywoodien
dans « L'origine du monde selon Wenstein » ?
On était en pleine émergence du mouvement #MeToo. Le producteur Harvey
Wenstein était pris dans une tempête médiatique à propos des accusations
d'abus sexuels. Je suis tombé sur le célèbre tableau de Gustave Courbet, L'Origine
du monde… et le dessin est venu tout seul. Je n'ai pas fait d'esquisse.
J'aime travailler de cette manière.
Vous avez signé beaucoup de dessins sur l'obscurantisme religieux, d'où qu'il
vienne. C'est un sujet de plus en plus tabou depuis les attentats contre « Charlie
Hebdo » ?
On vit dans la régression. Depuis Charlie, on se demande sans cesse quelles
peuvent être les conséquences d'un dessin et pourquoi. Le problème vient du
fait que pour qu'une caricature soit comprise et acceptée, il faut que le niveau
culturel du public soit assez homogène. Or ce n'est plus le cas aujourd'hui. A
mon sens, il s'agit dès lors d'un problème de société, avant d'être un problème
de dessin. Il faut réapprendre l'art du dialogue, sinon on risque de finir par ne
plus dessiner du tout ! Ce qui est arrivé avec Charlie Hebdo dépasse la question
religieuse. C'est un problème qui concerne l'humanité tout entière : peuton
encore vivre côte à côte ? Je me souviens d'un homme de théâtre polonais,
originaire d'un petit village où toutes les religions se côtoyaient. Dans sa jeunesse,
les uns faisaient la fête le samedi et les autres le dimanche. C'est devenu
impossible.
Votre livre se dresse aussi contre les bavures judiciaires et policières. Vous
avez le sentiment que la répression s'est durcie ?
Je me rappelle du premier Robocop ce très mauvais film de science-fiction sorti
en 1987, dont les images sont devenues, en partie, réalité. Pourtant, je ne crois
pas que les manifestants soient plus violents aujourd'hui qu'hier. Il est clair
qu'on a besoin de policiers mais pas de policiers violents. Plus la société évolue
technologiquement, plus elle semble se rétrécir humainement. Je pense que la
civilisation telle qu'on l'a connue est en train de disparaître.
A contre-courant de la tradition française du dessin de presse, vous fuyez toute
forme d'hyper-sexualisation du trait. Quelle est votre vision de la représentation
de la femme ?
La femme a longtemps été privée de ses droits ou traitée comme une poupée.
Les choses bougent mais elle n'a pas encore acquis sa place naturelle dans la société. Plutôt que de caricaturer les femmes, je les dessine à l'intuition, avec
un regard humain et respectueux. Je ne cherche jamais à camper des femmes
objets, sauf s'il s'agit de dénoncer le machisme !



WOZ NIAK par BERNARD THOMAS

la préface "I LOVE MOSCOU" le cherche midi éditeur 1987

 

Il a la férocité allègre des enfants : souriante, implacable, un brin 
extra-lucide. On lui donnerait d'ailleurs aisément le bon Dieu sans 
confession. Ce serait pécher contre l'esprit, et ce pauvre bon Dieu lui- mémé 
ne s'en tirerait pas sans quelque espièglerie qui lui ferait un drôle 
 de ciboire.La date historique à retenir est le 25 juin 1982. Ce fut alors, peut 
après le solstice d'été, que le jeune Jacek, à l'age de 28 ans, débarqua en France
avec pour tout bagage des canines aussi aiguisées que son regard. 
Ce qui peut s'écrire autrement : le jour ou la France eut la chance 
 d'annexer un étonnant territoire, la Woznie. 
Comme chacun devra le savoir un jour, la Woznie est un quartier 
et mémé un quartier de noblesse de la Pologne, pays qui, depuis 
Jaruzuselski, met un point d'honneur à ne pas exister en dehors de ce qui 
est extérieur. 
On sait peu de choses sur les mœurs du Wozniak, sinon qu'elles 
sont enjouées, chaleureuses, avec une propension fort louable à communier 
 dans les espèces sous forme d'un liquide pale contenant de l'herbe 
de bison. 
Le Wozniak parle le Wozniaque, sabir difficile à percer  sauf pour
les minorités culturelles douées d'un sens quasiment divinatoire. 
Mais c'est largement suffisant. Il a d'autres moyens de se faire comprendre. 
La Woznie, en la personne de son habitant le plus notoire, aurait 
pu rester à jamais polonaise. Mais des pinceaux, une plume et des 
crayons peuvent être des armes redoutables : elles valent plusieurs
 divisions dans un pays déjàtres divisé
. 
Wozniak en usa d'abord fort honnetement à  l'académie des 
Beaux-Arts de Cracovie jusqu'à 1975. En jeune homme bien élevé , il 
chatouilla du jazz, chiffonna du costume et de la scénographie, 
s'illustra, si vous voulez vraiment des précisions, dans des "Karuzela", 
"Prometej", et autres "Dwukropek", noms prométhéens de revues 
prometteuses, avant d'illustrer de sa présence l’austère "Polityka" dont chacun 
s'accorde reconnaître la compétence, vu qu'il n'y a pas de contradicteurs 
imaginables dans la meilleure des Polognes possibles. 
Au passage, le démon du cosmopolitisme le travaillait assez pour 
qu'il expose des caricatures en Italie, à Berlin-Ouest, en Yougoslavie. 
Des peintures aux États-Unis. Comme sans y toucher, il décrochait 
mémé des prix aux concours nationaux "Nad Poziomy" de 1978, 79 et 
81 : tout était prêt pour la catastrophe. 
La grande grève venait d'éclater. Le mot "Solidarité" franchissait les
frontières avec les moustaches de Walesa. Un Wozniak pur-sang 
ne pouvait pas y rester indifférent. Sans être un militant organisé il fit 
dès lors le diable à quatre dans les eaux de Solidarisme. Il vibrillonne, 
tourbillonne. Trublionne. 
Rien de plus insupportable que ce genre de moustique pour la bêtise au front de taureau. D'autant qu'il manifestait une tare rédhibitoire : le Wozniak a du talent. Il est des circonstances et des lieux ou cela ne pardonne pas. Arrête le 15 décembre 1981 et solidement, solidarnosquement coffré à la prison de Zaleze avec quatre murs nus pour s'exprimer, il en fut tiré trois mois plus tard, le 13 mars, contre la promesse d'aller faire l'olibrius ailleurs. Il est des pays ou le talent vaut des ponts d'or. La Pologne Jaruzelskienne ne délivre à ses élites comme primes que des billets d'écrou ou de sortie. Plus encore que de la Vierge Noire, elle a le culte de l'imbécillité la plus sombre. La France en a profité. Wozniak n'aura pas mis longtemps à être coopté : de "L'Expansion" à "PlayBoy", de "L'Evenement" à"La Croix", "Le Point", "V.S.D.", "Le Monde de l'Education" ou "Le Canard Enchafné©" ou il a grossi le riche troupeau des "métèques" ce garnement a su montrer qu'il n'avait pas la rame. Sinon de papier. « Je n'ai pas voulu faire un livre politique, affirme-t-il, à propos de "I love Moscou", avec l'apparence de la plus intense sincérité. Ceci n'est pas un pamphlet. » Qu'eut-ce été s'il avait forcée trait ! S'il avait exagéré, dénaturé. Mais non, Wozniak, tu n'as pas voulu allumer d'incendie. Ce n'est qu'un brûlot. Ce qui ne l’empêche pas d’être véridique dans son opinion. Car plus encore qu'avec la politique, Wozniak entretient un flirt avec la métaphysique. La solitude, la désespérance, l'exil, lui tiennent la main -la dérision de vivre, ce sale coup à avaler. Derrière les chars russes se planque l'absurdité du monde. Ses personnages savamment tordus, férocement enfantins, ces êtres d'un troisième type, ces Ovniaques, ces patineurs du temps qui passe, acrobates égarés sur le fil d'un destin tri- cheur, têtus rudiments d’êtres mal fagotés dans une peau d'emprunt, ahuries marionnettes qui n'oublient jamais de se remonter elles-mêmes avec soin, ces pantins, ces machinales humanités minutieusement déglinguées ces hommes des cavernes filés par le commissaire du K.G.B., ces nomenklaturistes aux cervelles de chasse d'eau, ces champions olympiques de tète contre les murs et de port du drapeau, ne sont pas que grotesques. Ils souffrent. Ils sont pathétiques. Bourreaux d'eux- mémés, ils brandissent sans fin devant leur propre nez la carotte pitoyable qui les fait avancer. Les poubelles de l'histoire ne sont jamais qu'une appellation mal contrôlée par les exégètes les plus révérés de la sacrée dialectique, de la fosse commune ou tout finit. Gorbachev n'y peut mais. Marx ou crève ? Même pas : Marx et crève. Le glasnost ne guérira pas de sitôt la nostalgie d'une société ou l'homme serait vraiment libre et heureux. Bernard THOMAS

 


Jacek Wozniak : « La satire fait office de tampon entre les autorités et la société »

Quand Jacek Woźniak, artiste et journaliste, s'est installé à Paris en 1982, la carrière de Jean Cabut, icône des dessins satiriques, était en plein essor. Ils sont rapidement devenus amis et ont, entre autre, donné naissance à la collection de dessins Les Impubliables. Ils étaient alors loin de se douter que Cabu serait assassiné le 7 janvier 2015 au nom d'Allah dans les locaux de Charlie Hebdo.

C'est dans le Marais, un quartier historique de Paris, que je rencontre Jacek Woźniak, à deux pas de son studio et de la rédaction du Canard enchaîné. Je suis impatiente de rencontrer cet artiste provocateur et excentrique dont la vie a été, après tout, remplie de succès.

 

 

Tu t'es vu sans Cabu ?

Ses articles ont été publiés dans des journaux comme Le Monde, Libération ou Le Canard enchaîné, sans parler de ses photos, de ses posters ou encore de ses pochettes de CD très prisées. Il a également collaboré avec des gens comme Manu Chao ou Archie Sheep. À mon grand étonnement, Woźniak s'avère être très modeste et accessible. Il me salue en me disant « Appelle moi Jack », alors que je pourrais bien être sa fille. L'espace d'un instant je me demande si les choses seraient différentes si nous étions en Pologne.

La Pologne que Woźniak a laissée derrière lui était un pays hostile aux artistes indépendants, la censure et la propagande y fleurissaient à chaque coin de rue. L'artiste a trouvé refuge en France, où le public a apprécié son style original qui rappelle les oeuvres de Joan Miro, Vassily Kandinsky et consorts. La simplicité et le pouvoir expressif de ses peintures créent un medium qui interpelle et qui est capable de diffuser efficacement des contenus et des messages satiriques. L'oeuvre de Jacek Woźniak déborde d'énergie et de couleurs.

C'est cette couleur qui a amené l'artiste à devenir ami avec Jean Cabut, plus connu sous le nom de « Cabu ».  « C'est moi qui coloriait ses dessins car les couleurs ne l'intéressaient pas, se souvient Woźniak. Il utilisait des crayons de couleurs pour enfants, c'était du Cabu tout craché. Les premiers dessins sur lesquels j'ai travaillé étaient ceux du Club Dorothée, le programme qui a donné à Cabu sa popularité.»

Après la fusillade à Charlie Hebdo, au cours de laquelle Cabu a été assassiné, les Français ont vu une partie de leur enfance s'envoler : le défunt dessinateur avait joué un grand rôle dans leur passage à l'âge adulte. « Ce n'est qu'une semaine après la tragédie que j'ai enfin reconnu qu'il était mort, explique Woźniak. C'est intéressant de penser que les frères Kouachi (les tireurs, ndlr) ont grandi en France et ont sans doute même regardé le Club Dorothée », ajoute-t-il avant de reprendre son souffle. « Quelque chose a dû se passer dans leur vie. Les gens disent souvent qu'un passage en prison change un homme. »

Nous nous rencontrons deux semaines après la fusillade : la France entière est encore en deuil et le monde se laisse aller à des tendances islamophobes entretenues par le discours populiste des partis politiques tels le Front National ou UKIP. Pegida sort de sa cachette à Dresde (Allemagne) pour cracher ses slogans racistes. Pourtant, selon Woźniak, les politiques du terrorisme ne devraient pas être utilisées pour excuser ou restreindre car il s'agit d'une sphère complexe et confidentielle. « Il y a beaucoup d'éléments auxquels nous n'avons pas accès, mais cela reste des jeux économiques. La religion joue le premier rôle, la politique n'a rien à voir là-dedans », explique-t-il.

Et puisque cette sphère confidentielle est vouée à rester confidentielle aussi longtemps que possible, les systèmes éducatifs du monde entier s'attachent de moins à moins à élever des individus à faire preuve d'esprit critique. « Aujourd'hui, on apprend aux enfants à ne s'opposer à rien : on leur apprend qu'il faut gagner de l'argent, rien d'autre », Woźniak critique sans ménagement l'influence du capitalisme sur l'éducation. « L'éducation en Europe est un système artificiel qui s'est perdu il y a déjà plusieurs années. De nos jours, on n'apprend plus aux jeunes la tolérance mais comment réussir à un examen », commente-t-il.

Alors, quel est donc le lien entre l'instruction, l'éducation et la liberté dans notre société démocratique ? « Aux obsèques de Tignous (un des dessinateurs de Charlie tué dans les attaques, ndlr), Christiane Taubira a dit que nous avions l'impression d'avoir déjà tout, y compris la liberté d'expression. Mais la liberté n'est pas quelque chose que l'on obtient une bonne fois pour toute, c'est un processus qui doit être maintenu en permanence », explique l'artiste.

 

 

Le problème ce n'est pas la religion, c'est l'argent

Même s'il vit à Paris depuis 33 ans, Jacek Woźniak retourne fréquement en Pologne, qui a pris le mauvais chemin en alimentant un capitalisme assoiffé qui transforme les Polonais en une armée de consommateurs conformistes. « Ce ne sont pas ces changements que nous voulions », me dit-il. Il admet cependant que la Pologne n'est pas le seul pays pris au piège des griffes du veau d'or. « La consommation et la religion sont deux formes de manipulation. La religion est aussi une forme de contrôle de l'esprit, explique l'artiste. Mais quand on contrôle un groupe de gens, quand quelque chose comme l'État islamique - qui croule sous le pétrole brut - se forme, ce n'est pas la religion le problème, c'est l'argent. »

Les hommes politiques qui posaient pour les photos, lors de la marche Républicaine du 11 janvier, auraient sans doute beaucoup à nous dire sur l'importance du rôle joué par l'argent. Près d'un million et demi de gens ont marché dans les rues de Paris pour rendre hommage aux victimes de la fusillade et condamner une attaque contre la liberté d'expression. « La liberté d'expression n'est pas une liberté partielle. » Woźniak se souvient de ses années en Pologne, quand il travaillait aux côtés du mouvement Solidarnosc et écrivait pour les magazines politiques Polytyka et Wryj,  ce dernier qu'il a lui-même fondé. « Quand je travaillais pour les journaux Polityka et Życie, chacun des magazines avait son propre censeur. »

Il n'y en avait aucun en France en 1982 quand Woźniak est arrivé. À la place, existait une sorte d'auto-censure fondée sur les coutumes et le capitalisme. « Aucun des journaux traditionnels ne voulait publier des dessins du Pape - cela aurait été tout simplement inapproprié, se souvient-il. Et puis il y avait les publicités - on ne pouvait se moquer de Bouygues dans un journal qui publiait ses annonces publicitaires. »

 

 

À chaque cour son bouffon

Peut-on donc rire de tout en Europe ? Comment doit-on aborder la question du blasphème dans des sociétés aux cultures et religions multiples ? « Dans une société comme celle-ci, si l'on doit prêter attention à tout et à chacun, on arrive à rien. Ou alors on se retrouve avec une société bien sous tous rapport et très artificielle. Rien d'autre que du plastique, affirme Woźniak. On a besoin de conflits pour avancer. Échanger des points de vues permet de réaliser que ceux qui ont le pouvoir et l'argent ne sont pas les seuls à avoir raison. »

Dans une société libérale, le refus, la moquerie, la caricature, la comédie et le grotesque sont les éléments clés d'une critique constructive. « La satire fait office de tampon entre les autorités et la société. Elle amortit le choc. Si les papes catholiques et les imams musulmans avaient leurs propres bouffons, il n'y aurait aucun problème, aucune tragédie. »

Bien qu'il soit difficile de ne pas reconnaître le sens des conclusions logiques que tire Woźniak, elles soulèvent tout de même une question : est-ce que les actions de fanatiques aveuglés par la guerre sainte ont quoi que ce soit à voir avec un raisonnement logique et éclairé ? La compréhension et la solidarité apaisent nos peurs quant au futur, mais suffiront-elles à prévenir de tels évènements ?

On se souvient encore de ces kalachnikov prenant en visée des crayons désarmés. Là se trouve le meilleur symbole de l'inéquité de ce combat schizophrène.

 

  • AuteurKatarzyna Piasecka
  • TraducteurElodie Red

 


MINI BIO par la police sécrete polonaise (SB)

        ADEWOZ


De la plume au pinceozzz
Il était une fois, l’histoire d’un homme né sur
Terre avec des idées insoumises, un esprit poétique
et une plume colorée aussi douce qu’acérée.
Telle pourrait être la phrase introductive servant
à présenter Jacek Wozniak qu’on ne présente
d’ailleurs plus. Fidèle dessinateur depuis 1986 au
Canard Enchainé, ce drôle d’oiseau a migré de sa
Pologne natale la France, niché dans plusieurs
rédztioas, volé avec Manu Chao, Ramon Lopez et
Archie Shepp, diffusant toujours plus sa sympathie
et son rire caustique au-delà des frontières.
Depuis peu, l’oisillon kazakh Adelinaa fait route à
ses cotés dans la même mare, et plus encore, s’est
unie à lui par le lien magnétique de l’amour de
l’art. C’est donc à 4 mains qu’ils collaborent pour
peindre des toiles aussi poétiques que mordantes.
Leur fusion s’expose aux prémices printanières
dans un joli ni parisien.
Bö gestes. En voilà un nom d’exposition simple,
stylisé et efficace ! Simple, stylisé et efficace, la
recette est déjà bien connu des chefs étoilés caricaturistes,
à ceci près que ce titre-ci traduit une
délicate évolution : le trait satirique devient un
bögeste d’artiste. Car oui, le texte et la portée narrative
d’un dessin de presse ne doivent pas éclipser
la démarche – le geste ! - artistique de son
auteur ( quant à la böté, libre à chacun de l’interpréter
).
D’ailleurs Jacek Wozniak a toujours été un artiste
assumé, s’il s’est essayé vainement ( et heureusement
) à l’École des Beaux-Arts de Cracovie, il
n’a pourtant jamais reposé son crayon et son pinceau,
animé par un insatiable besoin de révéler et
questionner des situations sociétales et sociales.
Sa rencontre avec Adelina est celle d’un heureux
hasard. Après avoir traversé l’Europe de l’Est en
auto-stop, la jeune artiste fait escale à Paris où
sans le sou, elle est accueillie par le DAL (Droit
Au Logement) pour qui Jacek Wozniak prête fidèlement
ses talents dans la création d’affiches
de mobilisation. Lorsqu’elle lui présente courageusement
ses dessins, Jacek Wozniak replonge
instantanément dans ses souvenirs, ses propres
débuts, à l’époque où il mettait à contribution
celui qui deviendra son ami Cabu. Même sensibilité
poétique, même bestiaire amusant, même
attrait pour la couleur. Naturellement donc, elle
est invitée à s’aiguiser les dents avec Scorbut (site
en ligne, impulsé par Wozniak en 1998, réunissant
un groupe d’illustres dessinateurs loin d’être
malades!) . C’est encore naturellement, qu’ensemble,
ils se mettent à peindre à 4 mains, lui
commençant des toiles qu’il n’arrive pas à terminer,
elle, venant spontanément les finaliser. Le
duo Adelina et Wozniak est né ! Jeux d’esprit et
esprit critique se répondent ainsi mutuellement
quand la jeune femme intervient pour mettre en
scène des personnages déjà figurés sous le pinceau
de Jacek Wozniak.
En maîtresse de l’ambiance, elle ajoute un décor
imagé, une atmosphère intimiste et de joyeuses
couleurs. Il faut dire que leurs deux univers
se marient à l’unisson en partageant ce même
goût pour une expression naïve peu soucieuse
de l’académisme, simplifiant schématiquement
les formes, pour donner naissance à un petit
théâtre d’acteurs aux longs nez rectangulaires
bariolés et aux membres spaghettis.
En résulte des contes pour les grands, sauf
qu’ici, ces petites histoires peinturlurées puisent
leur inspiration dans la notre, celle que nous
vivons et noircissons quotidiennement à coups
de poésie, d’abus et d’âneries. Car oui, Jacek
Wozniak déniche ses sujets au fil de l’actualité,
mais aussi lors de ses promenades, rencontres, et
autres rêveries wo-Zzz-zniakiennes. C’est ainsi
qu’un soir en balade, il tombe sur la scène d’un
mendiant emmitouflé sous une couette, adossé à
un kiosque dans la pénombre. A quelques mètres
de là, un autre kiosque, éclairé, affiche fièrement
une annonce déployant une oeuvre de Klimt, où
le corps d’une femme est enveloppé d’or. L’association
d’idées surgit et prend forme dans la série
Street Art de vivre, représentant des sans-abris
emmaillotés de tapisseries mosaïquées. Le motif
est à son tour décliné pour en faire un clin d’oeil à
la mythique photo du couple de John Lennon et
Yoko Ono, posant dans leur lit en signe de paix.
Un détail, ou un sujet peut ainsi être remanié
pour donner naissance à un panorama de situations
farfelues. Les toreros dansants de la
série Corrida Humaine de Adelina prend, par
exemple, une tout autre forme sous le crayon de
Jacek Wozniak qui y voit une arène où des taureaux
assistent à un grotesque duel humain. Une
scène satirique à souhait qui contribue à sublimer
notre chère liberté d’expression et élever nos
pensées avec le sourire. Merci eux ...
           

 

Anne-Laure Perressin

JACEK WOZNIAK
Neix el 1954 a la ciutat de Cracòvia (Polònia). Viu a França
des de l’any 1982. És dissenyador, il·lustrador, pintor i
caricaturista
Després de publicar les seves primeres caricatures a l’època d’estudiant, s’uneix a
l’equip del diari Polytyka censurat com tots els diaris a la Polònia comunista. Forja
el seu propi estil a base de símbols ja que la situació política no li permet criticar
obertament les autoritats. Dissenya butlletins per a Solidarność i és el fundador
del primer diari independent polonès de caràcter satíric, Wryj, que no agrada al
poder del moment i és empresonat el desembre de 1981 a l’“estat de guerra” que
inicia Wojciech Jaruzelski. Al cap de tres mesos li concedeixen la llibertat a
condició que abandoni el país. Se li concedeix exili polític a França i es trasllada a
París amb la seva família (1982). Nacionalitzat francès uns anys més tard, treballa
i col·labora amb diversos diaris, setmanaris i revistes mensuals coneguts a
França, com Libération, Playboy, Lire, L’Expansion, L’Événement du Jeudi, fins
que l’any 1986 el setmanari satíric Le Canard Enchaîné el contracta. Des de
llavors continua dibuixant les seves cròniques al setmanari i col·labora amb Le
Monde, Le Monde Diplomatique i Le Nouvel Observateur.
Pintor i il·lustrador, ha publicat diversos llibres, entre els quals: I Love Moscou
(Cherche Midi Editeur), Révolution (Albin Michel), Abécédaire partial et partiel de
la mondialisation, amb Ramón Chao i Ignacio Ramonet (Plon), Sibérie m’était
contéee?, amb Manu Chao (Mille Paillettes). Artista gràfic de cartells, dibuixa,
entre d’altres, cartells per al Consell Europeu, per al Campionat del Món
d’Atletisme de París i per a festivals de jazz i de teatre. En l’àmbit dels dibuixos
animats, realitza diversos treballs, entre els quals destaquen la seva participació a
les sèries Les droits de l’enfant per a la primera cadena de televisió francesa
(TF1) i Dure du Mur per a la segona cadena francesa de televisió (France 2), i
diversos curtmetratges: Nazo Kanisa Yo, Van Gogh y Ceremonia (2001), amb una
banda original composta per Archie Shepp i Kyoto Misique (2002), que compta
amb la col·laboració de